Pour inaugurer cette nouvelle section de mon blog, dans laquelle mon intention est de partager un peu de mon expérience en matière de photographie de la faune africaine, je désirerais parler de quelque chose qui nous appartient à tous quel que soit notre savoir-faire photographique, en quantité variable suivant les jours, à savoir : la Chance. Au-delà de toutes les considérations techniques ou naturalistes, le facteur chance est un puissant contributeur au succès d’une image.
L’histoire de cette photo d’hippopotame est simple, presque banale. La photo classique prise depuis un véhicule de safari lors d’un séjour standard de 15 jours dans les parcs nationaux du nord de la Tanzanie. Milieu de matinée dans le Serengeti, à proximité de Seronera. Nous atteignons Retina Hippo Pool où Crocodiles du Nil (Crocodylus niloticus) et Hippopotames (Hippopotamus amphibius) se disputent le moindre mètre carré. Ceci n’est pas sans exacerber les tensions. Les conflits territoriaux sont permanents. Notre véhicule se déplace lentement et se positionne en aplomb d’un trou d’eau où nous découvrons une dizaine d’hippos à moitié immergés. A peine le temps de me lever pour prendre position que je perçois en vision périphérique un brusque mouvement. Je fais un quart de tour, vise au jugé et déclenche une rafale réflexe. Pas le temps de me demander ce que je suis en train de photographier, pas le temps de soigner ma mise au point ni mon cadrage, bref 9 chances sur 10 que la photo soit ratée. Après cette première salve, je reste en alerte pour compléter cette série. Je comprends à présent ce que je suis en train de photographier : 2 Hippos en train de combattre. Le conflit se poursuit et je continue à photographier cette intense scène d’action.
Quand tout redevient calme je contrôle mes images sur l’écran de mon boitier. Mon cœur s’accélère lorsque je tombe sur la toute première image de la série. Sur ce cliché l’hippo claque violemment des mâchoires expulsant une gerbe d’eau puissante. Un comportement destiné à asseoir sa domination sur son adversaire. Les chances étaient faibles d’obtenir un cliché net, cadré au raz des moustaches dans cette prise de vue-réflexe. La gerbe d’eau figée au bon moment, l’absence d’interférence gênante entre les sujets, l’équilibre général, la réussite de cette photo tient du miracle.
Peu de mérite pour un résultat recompensé par une mention « Specially Commended » au BBC Wildlife Photographer of the Year de l’année suivante. Comme quoi la chance…
Jérôme Guillaumot
Vous pouvez souscrire à ma Newsletter ici.
Aucun commentaires pour l’instant.